Je m’appelle Aline do Carmo, j’ai 32 ans, je suis née à Campinas, dans l’État de São Paulo, et j’ai grandi à Rio de Janeiro. Je suis une femme noire brésilienne.
Je vis en France depuis décembre 2017. J’ai reçu la nouvelle du résultat du deuxième tour des élections par un message de ma sœur et tout s’est effondré. J’ai passé toute une nuit à pleurer parce que je craignais pour la vie de ma famille, de mes amis, de mon peuple, c’est-à-dire de la majeure partie de la société brésilienne.

D’autre part, ce résultat a été annoncé alors que nous subissions diverses violences dans ce processus électoral qui restait sans réponse, à commencer par la destitution de la présidente Dilma Rousseff, l’élimination du ministère de l’Égalité raciale et des droits de l’homme, l’occupation militaire dans les rues de Rio de Janeiro, l’assassinat de la conseillère Marielle Franco, l’invasion d’universités par la police fédérale, etc. Je viens d’une famille noire, et bien plus encore, je vivais dans la banlieue nord de Rio de Janeiro, Méier. Je sais très bien que la politique autoritaire et fasciste que Bolsonaro souhaite mettre en œuvre consiste à opprimer et à anéantir les Noirs, les Femmes et les Homosexuels, à travers leur discours de haine qui inclut la politique de la détention d’armes, de la privatisation, de la réduction des droits du travail, l’encouragement des policiers assassins, le fin à la démarcation des terres autochtones, l’extinction du ministère de la Culture, l’abrogation du statut des enfants et des adolescents, etc.

Ici en France, je me sens privilégiée de pouvoir raconter mon histoire et de protester sans craindre d’être assassinée. Et je le vois comme un moyen de soutenir ceux qui sont là-bas quand ils me parlent de leur angoisse. Au milieu de tout cette régression, une chose est certain: nous devons résister, exister, persister dans la lutte pour garantir nos droits.
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Lire une partie de mon témoignage dans le journal Le Monde