Par Mariâme Damba / Photo : Stéph Munnier

Aujourd’hui, après un peu plus de 15 ans de pratique, j’en suis venue à penser que le seul véritable
adversaire du capoeiriste est lui- même …lui-même et ses peurs.

L’un des piliers de ma pratique de capoeiriste est de vivre la Capoeira Angola comme une tentative
artistique pour me rendre meilleure humainement et socialement adaptable. Il me semble que la
pratique de la Capoiera Angola offre de formidables opportunités pour travailler ce qui manque, ce
qui fait défaut : les plus dominants devront apprendre à ne pas attaquer, à transformer leur excès
d’agressivité tandis que, pour d’autres, il sera question d’accepter l’affrontement, de se positionner.

Chacun, accompagné par le groupe, aura l’opportunité d’apprendre, de grandir. Dans tous les cas, il
me semble qu’il s’agit toujours de la recherche de Liberté, que je définirai, dès lors, comme la
manière la plus juste, la plus harmonieuse d’expression de soi, d’être pleinement soi-même avec les
autres. Dans ce sens, l’organisation de la Capoeira Angola pose la question du groupe, de la place de
chacun, de soi avec les autres, de la relation à l’autre, de la manière d’entrer en relation avec l’autre,
du rapport à la violence …

Dans cette optique de croissance et de découverte de soi, le groupe a une place particulière et nous
rappelle une vérité fondamentale à l’être humain : C’est ensemble que nous apprenons. C’est
ensemble que nous grandissons. C’est en prenant soin les uns des autres que nous préserverons ce
qui est précieux pour nous tous. Bateria, jogador, cantador pour donner naissance, puissance et
beauté à la roda nous renvoient à une réalité, souvent oubliée, dans nos sociétés modernes,
capitalistes et individualistes : La Force de la Communauté.
La Communauté et ses valeurs (partage, prendre soin les uns des autres, engagement les uns
envers les autres, soutien, entraide…) est, à mon sens, un des aspects, qui nous fait parler de
Tradition dans la Capoeira Angola.

Et ce, à condition que la Capoeira Angola ne reste pas limitée à son seul aspect corporel mais qu’elle
soit investie dans sa pleine dimension humaine et spirituelle.

Mariâme Damba est pédagogue, térapeute,
professeure de danse et professeure de
Capoeira à L’École de Capoeira Angola Paris.